L’IA générative n’est plus une promesse technologique ni un outil réservé à quelques experts. Son usage fait désormais partie du quotidien des internautes à travers le monde. C’est le constat majeur du rapport 2025 Generative AI Landscape : The State of Gen AI, publié ce dimanche 7 décembre 2025 par Similarweb. Le rapport, qui analyse les usages numériques globaux, est sans appel : l’IA conversationnelle modifie la manière dont nous recherchons, apprenons et interagissons… tout en cohabitant avec les moteurs de recherche traditionnels.
Nous revenons dans cet article sur les grandes tendances observées : explosion du trafic IA, montée en puissance du mobile, transformation des requêtes, complémentarité avec Google… et ce que cela signifie concrètement pour les éditeurs et les marques.
2025 : l’IA conversationnelle s’impose au cœur des pratiques en ligne
Une adoption massive : l’IA conversationnelle devient un usage quotidien
En un an, les plateformes d’IA générative (ChatGPT, Gemini, Claude, Perplexity) ont observé une hausse de trafic de 76 %.
Avec près de 7 milliards de visites mensuelles en septembre 2025, le trafic atteint un niveau comparable à celui d’Instagram ou TikTok. Cette croissance ne s’explique donc plus par la curiosité, mais par de nouvelles habitudes bien ancrées :
– l’IA sert désormais à apprendre, créer, analyser ;
– elle accompagne les routines de productivité ;
– elle supplante parfois les moteurs classiques pour obtenir une réponse directe plutôt qu’une liste de liens.
L’audience se diversifie également, près de 30 % des utilisateurs ayant plus de 45 ans. Une bascule historique, preuve que la démocratisation de cette technologie auprès du grand public.
ChatGPT écrase la concurrence et s’installe dans le top 5 mondial
S’il existe désormais plusieurs acteurs solides, un seul domine largement : ChatGPT. Avec près de 5,9 milliards de visites en septembre 2025, l’outil capte 80 % du trafic mondial lié à l’IA générative.
Sa croissance est vertigineuse : l’outil, qui comptait 19 millions de visites en 2022, atteint presque 6 milliards trois ans plus tard. ChatGPT rejoint ainsi le top 5 des plateformes les plus consultées du monde aux côtés de Google, YouTube, Facebook et Instagram. Son taux de fidélisation reste également unique : un utilisateur sur trois revient chaque mois, loin devant les autres assistants.
Mobile first : 1,9 milliard de téléchargements en un an
L’autre grande évolution, c’est le passage massif au mobile. Les applications ChatGPT, Claude ou Gemini ont été téléchargées 1,9 milliard de fois en douze mois, Cette évolution est le signe d’un usage plus fréquent, plus spontané, plus intégré au quotidien.
Sur mobile, les utilisateurs alternent entre des apps généralistes (comme ChatGPT), et des outils spécialisés (recherche d’images, productivité, création). Ce basculement révèle un changement profond : l’IA n’est plus une étape dans le parcours digital, elle devient un réflexe natif.
IA générative vs Google : une coexistence qui redéfinit la recherche
Google pour chercher, l’IA pour comprendre : des usages complémentaires
Contrairement aux prédictions alarmistes de ces dernières années, l’IA générative n’a pas remplacé Google. Elle s’est imposée comme compléments aux usages existants et est devenue un nouveau réflexe. Similarweb montre d’ailleurs que 95 % des utilisateurs actifs de ChatGPT continuent parallèlement d’effectuer des recherches sur Google.
En réalité, les deux outils ne poursuivent pas la même ambition : ils répondent à des besoins distincts, souvent complémentaires, et s’imbriquent dans une nouvelle routine de navigation.
Google reste privilégié pour des requêtes rapides, vérifiables ou nécessitant de consulter plusieurs sources.
À l’inverse, l’IA conversationnelle intervient lorsque l’utilisateur cherche à structurer une idée, synthétiser une information, résoudre un problème ou obtenir un avis contextualisé.
Une démonstration concrète de cette distinction : lorsque les internautes s’adressent à Google, ils utilisent en moyenne 3 à 4 mots. Face à un assistant comme ChatGPT, leurs prompts atteignent environ 60 mots. Il n’adressent ainsi plus une simple question, mais bien un brief complet, un contexte, un besoin détaillé.
Cette hybridation crée ainsi une « double habitude » qui redessine discrètement mais profondément l’expérience de recherche, et la façon dont nous accédons à l’information.
Un trafic issu de l’IA moindre… mais nettement plus qualifié
L’IA génère encore peu de trafic sortant comparé aux moteurs traditionnels, mais la qualité de ce trafic change la donne. Similarweb observe que Google redirige entre 17 % et 19 % de ses utilisateurs vers des sites tiers, contre environ 2 % pour les assistants conversationnels. À première vue, l’écart semble immense. Mais la valeur des visiteurs issus de l’IA est bien plus élevée. Un utilisateur qui arrive depuis ChatGPT reste en moyenne 15 minutes sur un site et parcourt 12 pages, là où Google affiche respectivement 8 minutes et 9 pages.
Autrement dit, l’IA génère moins de volume mais davantage d’engagement. Les internautes qui cliquent depuis un assistant ne viennent pas chercher une information rapide : ils viennent approfondir, confirmer ou mettre en œuvre un conseil. Ils sont plus avancés dans leur parcours et plus proches de l’action.
Des LLM qui citent de plus en plus le web : un enjeu direct pour les éditeurs
Autre signal fort : les modèles d’IA n’utilisent plus seulement leur mémoire interne pour répondre. Depuis l’intégration de la recherche web, ils s’appuient de plus en plus sur les contenus produits par les éditeurs. Le taux de citations dans ChatGPT, quasi nul en début d’année (0,9 %), atteint désormais 5,9 %. Cette évolution confirme que les sites web resteront essentiels dans l’écosystème de l’IA. Les modèles conversationnels ont besoin de contenus fiables, structurés et récents. Plus un site est clair, sourçable et expert, plus il a donc de chances d’alimenter les réponses générées. Pour les éditeurs, l’enjeu n’est donc plus seulement d’être trouvés par Google, mais d’être compris, repris et cités par les IA.
Une nouvelle ère du web : plus conversationnelle, plus hybride, plus orientée réponse
Au final, Similarweb met en lumière une évolution profonde de la navigation en ligne. Le web ne se limite plus à une liste de liens. Les internautes veulent désormais une réponse immédiate, adaptée à leur niveau et nourrie de contexte. Ils attendent de l’IA qu’elle « pense » et plus seulement qu’elle cherche.
Google demeure central, mais les assistants conversationnels deviennent un véritable copilote de la recherche. Les deux approches ont vocation à coexister, mais la façon de consommer l’information change déjà : on ne consulte plus seulement des pages, on demande une explication, une synthèse ou une recommandation personnalisée. La question n’est plus de savoir si l’IA remplacera le moteur de recherche, mais quelle part de notre navigation quotidienne elle finira par prendre.
